le vrai métier des nouvelles gourous de la mode

Peggy Frey

Suzy Menkes

fair sandie roy

Journaliste mode oui, mais capable d’animer une communauté à la façon d’une influenceuse. De Sophie Fontanel à Alice Pfeiffer en passant par Suzy Menkes ou Peggy Frey, tour de piste de cette nouvelle génération de wonder women 3.0 qui a dompté le web.

À l’aube des années 2010, le monde de la presse mode s’agite. La cause ? Les réseaux sociaux. Au départ limités à Youtube ou à des blogs et forums, de nouvelles plateformes démocratisent la parole de journalistes qui n’officiaient jusqu’alors qu’au travers un titre de presse. Un véritable séisme pour la profession.

Wondher, média Instagram

Wondher, média Instagram

Anna Wintour

Anna Wintour

Se dessinent avec Youtube, Facebook puis Instagram les prémices d’une nouvelle vague de femmes qui n’ont pour gage de leur expertise non pas le nom d’un grand magazine, mais un nombre grandissant de personnes qui les suivent et écoutent leurs conseils via leurs propres réseaux. À la fois journalistes, influenceuses et critiques, ces femmes puissantes au caractère souvent bien trempé en viennent à redistribuer les cartes du pouvoir dans la mode.

Une seule ligne éditoriale : la leur

Dans les années 2000, pourtant, deux univers semblent vivre parallèlement : celui des journalistes et celui des influenceuses. Des premières, on applaudit l’éthique et on critique l’élitisme. Des secondes, on aime l’accessibilité tout en reprochant la merchandisation. Quelques années plus tard, une profession hybride voit le jour. Celle de journalistes et de chroniqueuses capables d’un regard critique, mais sachant animer et nourrir une large audience de novices comme de passionnés. En miroir, certaines influenceuses éditorialisent leurs contenus en s’inspirant des magazines avec lesquels elles ont grandi.

Une apparition de Sophie Fontanel

Une apparition de Sophie Fontanel

fair sandie roy

Meilleur exemple et cas d’école français, celui de Sophie Fontanel qui, dès les années 2000, crée sur le site du magazine Elle « Le blog de Fonelle » repris plus tard en son nom propre. Chez elle, pas de filtres mais de bons mots, un sens de l’autodérision décapant et un rapport émotionnel au vêtement qui contraste avec les discours statutaires de sa génération. De son côté, la journaliste Peggy Frey, ex Madame Figaro, se rit de la mode avec son gimmick « serial kisser » où elle demande à des célébrités d’une industrie souvent décrite comme peu spontanée… de l’embrasser. Ses victimes ? Le couple Beckham, Diane von Fürstenberg, et même Anna Wintour.

Dans un tout autre registre, la journaliste et spécialiste en gender studies Alice Pfeiffer appartient aussi à ces journalistes dopées à l’influence. Chef de la rubrique Style des Inrockuptibles, chroniqueuse mode sur le média Instagram Wondher d’Axelle Tessandier et professeure de sociologie de la mode à l’École de la Chambre Syndicale, son compte Instagram mêle articles, memes loufoques et propos engagés.

Couvertures des Inrockuptibles

Couvertures des Inrockuptibles

Julie Zerbo

Julie Zerbo

La mode pop et intelligente est aussi le créneau de Julie Zerbo, avocate derrière The Fashion Law, un média qui étudie la mode sous le coup de la loi ; de la contrefaçon à l’éthique journalistique en passant par le copyright des designs. But affiché ? Du like, oui, mais intelligent

Nouveaux visages, nouveaux formats

Mais si ces profils à double-emploi fonctionnent si bien, certains cas prouvent aussi qu’il est possible de mêler prises de parole spontanées sur les réseaux et collaborations soutenues avec de grands groupes de presse. Leandra Medine, auteure du cultissime blog The Man Repeller fait partie de celles qui ont flirté avec brio entre deux mondes que tout opposait. Plébiscitée pour ses références pop et ses analyses pointues de l’industrie de la mode, elle écrit rapidement pour The Cut ou Fashionista. Autre exemple en la matière, celui de Suzy Menkes, papesse de la rédaction mode, qui aujourd’hui tient une chronique online pour pour Vogue International. Ambassadrice Instagram pour le compte du groupe de presse américain des coulisses et présentations de la Fashion Week, elle est la preuve, à 75 ans et plus de 450.000 abonnés sur Instagram, que les frontières entre journalisme print et carrières digitales ne sont pas une question d’âge… mais bien d’agilité.

The Man Repeller

The Man Repeller

Suzy Menkes

Leandra Medine