Après le sacre de l’image vient celui du son. Lancés à pleine vitesse sur les ondes américaines, rien ne semble aujourd’hui devoir arrêter l’avènement du podcast en France. Oui, le podcast est « à la mode ». Tendons l’oreille.

Camille Charrière

Valérie Tribes

Un tissu identitaire

Monica Ainley

Monica Ainley

« Chiffon » de la journaliste Valérie Tribes, « Fashion No Filter » des influenceuses Camille Charrière et Monica Ainley, « Habitudes » du magazine de mode masculine L’Étiquette… Autant de podcasts qui analysent, avec autant de légèreté que de sérieux, notre rapport au vêtement. Comment nous habillons-nous ? Pourquoi ? Pour qui ? Analyser la mode en la déconnectant d’un visuel ? L’idée aurait semblé saugrenue il y a encore quelques années. Et pourtant.

L'Etiquette

L'Etiquette

Une histoire plutôt qu’un produit

Chanel 3.55 Podcast

Chanel 3.55 Podcast

Parmi les aficionados de la mode sur les ondes, on trouve désormais des institutions, comme la Fédération de la Haute Couture et du Prêt-à-Porter, mais aussi des maisons de création, comme Chanel et son « 3.55 », le « Gucci Podcast » de la maison italienne ou encore « The Memory of » de Maison Margiela par John Galliano. Avec ces podcasts, les plus grands labels de mode ouvrent, parfois pour la première fois, les portes de leurs univers. On entre dans les coulisses, on écoute des amis de la maison, des histoires singulières et des visions de mode qu’une pièce seule ne saurait narrer.

Comme lors de ce podcast Gucci, diffusé en 2018, où des femmes artistes parlent de leur passage à l’âge adulte pour la sortie de la nouvelle eau de toilette Gucci Bloom Acqua di Fiori. On y entend la voix de Karl Lagerfeld, aujourd’hui décédé, expliquant son rapport à la mode autour de sa dernière collection Métiers d’Arts. Démocratisé, humanisé, le luxe devient donc objet sensible, incarné par une histoire plutôt que par un produit.

Gucci Podcast

Gucci Podcast

Culture mode

Imran Amed

Imran Amed

Mode éthique, ville du futur, éducation, biologie… rien n’échappe au micro du fondateur Imran Amed dans son excellent « Business of Fashion Podcast ». Et il n’est pas le seul à envisager la mode selon un prisme bien plus large que celui du seul vêtement. Dans la même lignée, « Fashion Unzipped » du Telegraph, « Appearances » de l’édition britannique du magazine Vogue ou encore « Fash-On Fash-Off » d’i-D. Avec eux, la mode sort de ses carcans, s’ouvre au monde extérieur et va d’elle-même à la rencontre des autres pour faire face à son futur, mais aussi à ses responsabilités.

Prendre le temps

Bien qu’immatériel, le podcast n’est pourtant pas un consommable comme les autres, que l’on évacue à coup de scroll. Posé, réfléchi, sa nature impose un rythme lent, ralenti, à l’opposé des injonctions actuelles et cadences effrénées des collections, nominations et autres évictions de la mode. Et c’est peut-être la raison pour laquelle il fait autant vibrer la mode… et le monde.

Fashion Unzipped Podcast

Fashion Unzipped Podcast