Avis à ceux qui prennent encore les “instagrameurs” pour de simples vitrines digitales. Couplant une maîtrise totale de leurs plateformes à un talent certain pour le “personal branding”, ils sont aujourd’hui nombreux à lancer leurs marques pour s’implanter IRL. Explications.

Garance Doré

Elsa Muse

fair sandie roy

L’influence. Sans aucun doute le mot le plus emblématique du virage web entrepris par les marques ces dernières années. Une denrée rare pour ceux qui la possèdent et que les influenceurs ont depuis longtemps appris à monétiser. Capables de féderer de véritables communautés, leur potentiel marketing a en effet de quoi séduire. Mais pourquoi mettre en avant les produits des autres… quand on peut avoir les siens ?

Une suite logique

Première blogueuse à avoir lié influence et entrepreneuriat ? La Française Garance Doré, 43 ans. Son blog éponyme, qui mettait en lumière ses talents d’illustratrice, son goût pour la mode et ses rencontres, est devenu en quelques années une plateforme d’envergure médiatique qui démontre toute l’étendue de son savoir-faire en matière de création de contenu. Bilingue, le site orienté mode et beauté holistique est aujourd’hui devenu l’Atelier Doré ; un studio au féminin qui collabore avec des marques de luxe telles que Nars ou le grand magasin Macy’s.

Campagne NARS by Garance Doré

Campagne NARS by Garance Doré

Moune Paris

Moune Paris

Sa fille spirituelle ? La talentueuse Elsa Muse. Directrice artistique, elle a lancé Studio Mumuse, une société via laquelle elle met son œil de lynx et son humour pop au service des marques. Derniers labels à lui avoir fait confiance, le roi du denim Levi’s ou le maroquinier Lancel. Toujours côté mode, l’instagrammeuse aux doigts de fée @lescoulissesdalice a lancé Moune Paris, sa marque de sacs et bijoux en perles faits main dans son atelier parisien, avec pour leitmotiv un vrai focus sur l’artisanat et le savoir-faire. De son côté, l’ancienne architecte Sofya Benzakour, s’apprête à lancer l’e-shop de Bahaar, une marque à l’esprit bohème dont les pièces sont fabriquées au Maroc.

Mais le lifestyle n’est pas en reste. Valentin Lucas a quant à lui co-fondé deux projets : Wandertea, qui renoue avec l’héritage du thé à la française, et La Crêpe au Carré, un restaurant spécialisé dans les crêpes et gaufres sucrées ou salées. Sur la côte Basque, la fratrie d’influenceurs composée de Jérémie et Nicolas a elle aussi investi la gastronomie. Le premier à Biscarrosse avec Bling Bling Bisca, un foodtruck de bord de mer qui vend des beignets. Le second, avec Ave Giulia, une pizzeria qui propose le meilleur de l’Italie à Lacanau-Océan.

Nicolas Legrand-Zorgati

Nicolas Legrand-Zorgati

La course à l’authentique

Samar Seraqui de Buttafoco

Samar Seraqui de Buttafoco

Fait notable, ces nouveaux entrepreneurs émergent à l’heure où les consommateurs réclament plus d’authenticité. En créant leurs propres marques, ces derniers trouvent donc un nouveau moyen d’adhérer, jusqu’au bout, à une esthétique, mais aussi à des engagements. Estampillés “pop”, “mode” ou “éthiques”, les instapreneurs lient intimement leurs personnalités à leurs entreprises. Atténué par leurs histoires, le rapport mercantile semble alors plus sain et plus humain qu’avec une  marque lambda.

C’est ce qui explique le succès de marques comme das.mot, label parisien lancé par Samar Seraqui de Buttafoco (@ulap) dont les t-shirts à messages ont déjà conquis plus de 11k d’abonnés. Déclarée non-genrée, la marque prône le respect de l’autre et s’engage activement auprès de l’association SILA dont le but est de changer notre perception des réfugiés. Les hommes ne sont pas en reste, comme le prouve Raphaël Spezzotto-Simacourbe (@r.simacourbe), directeur artistique de Insima Paris, une marque qui veut redéfinir les classiques du vestiaire masculin “avec l’ambition de proposer des pièces de très grande qualité à un prix juste et accessible”. Une démocratisation du style qui aide à la mise en place d’une mode responsable pour tous.

Raphaël Spezzotto-Simacourbe en Insima Paris

Raphaël Spezzotto-Simacourbe en Insima Paris
Caroline De Maigret en das.mot

Caroline De Maigret en das.mot

Jeu de cash-cash

Chiara Ferragni Collection

Chiara Ferragni Collection

D’apparence parfois modeste, ces micro-business peuvent pourtant… rapporter gros. En exploitant sa notoriété avec sa propre marque de chaussures, la star italienne des réseaux Chiara Ferragni lançait donc en 2015 sa “Chiara Ferragni Collection”. Vendue sur Farfetch ou 24 Sèvres, l’e-shop du Bon Marché, le label rapporterait aujourd’hui plus de 20 millions d’euros par an à sa propriétaire.

Ne reste plus qu’à savoir si les tenues “Rouje” de Jeanne Damas (2016) ou les ensembles Musier (2018) d’Adénorah lui emboiteront le pas.

Jeanne Damas en "Rouje"

Adénorah avec un ensemble Musier